11,6 jours. Tel est le retard moyen de paiement en France, tous secteurs confondus, pour 2015-2016, selon le rapport de l’observatoire des délais de paiement, rendu public le 22 mars dernier.
Ce résultat global dissimule de nombreuses disparités. Dans le secteur privé, l’évolution des délais interentreprises (calculée sur la base des données comptables de la banque de France) montre une grande stabilité : le solde du crédit s’établit à 12 jours de chiffres d’affaires, comme en 2014. Mais ces délais varient en fonction de la taille des sociétés, les plus grosses se comportant plus mal que les petites sur ce plan. Moins d’une grande entreprise sur deux paie son fournisseur à temps, contre deux PME sur trois. Pour l’observatoire, ce constat met en évidence la persistance d’un rapport de force favorable aux grands groupes, les petites structures acceptant ce retard par crainte de perdre un client important ou de détériorer une relation commerciale. Trois secteurs sont particulièrement touchés par cette dérive : la construction, le soutien aux entreprises, l’information et la communication. Ainsi, dans le secteur du BTP, qui continue d’être affecté par la pratique des délais cachés de la part de certains clients privés et publics, les paiements sont encaissés en moyenne à 64 jours. Le secteur du soutien au crédit flirte à 76 jours de délai global de paiement et celui de la communication culmine à 78 jours.
Ce phénomène, qui freine l’installation d’un climat de confiance entre les acteurs économiques, est loin d’être négligeable : 32% des entreprises sont affectées par ces retards, les obligeant à recourir au financement court terme pour équilibrer leur trésorerie. L’observatoire estime que, si l’ensemble des créances et des dettes fournisseurs étaient payés à 60 jours, la trésorerie nette libérée s’élèverait à 11 milliards d’euros par an.